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emmanuelle&jp
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21 mai 2011

Deux poulets, deux poissons

La visite des temples de Sambor Prei Kuk dans la province de Kompong Thom, se révèle indispensable pour les amateurs d’histoire et de sites archéologiques pour peu qu’ils arrivent à s’arracher au site d’Angkor et qu’ils disposent d’un peu de temps. Une belle ballade  en voiture à trois heures au sud-est de Siem Reap que nous avons effectuée avec des amis de longue date, devenus les beaux-parents de notre fille.

 
Les vestiges de Sambor Prei Kuk couvrent environ 2 500 ha où plus d’un millier de temples auraient été construits. Pour l’heure, plus de soixante monuments ont été répertoriés et divisés en quatre grands groupes. Ils appartenaient à un important centre religieux hindouiste dont la période glorieuse a été le VIIème siècle. Il s’agissait de la capitale Içânapura, la ville d’Içanavarman, roi du Zhen La. Première capitale de la zone du « Grand lac » (le Tonlé Sap), elle aurait gardé une certaine importance jusqu’au Xème siècle avant d’être détrônée par Angkor. Sambor Prei Kuk constitue ainsi le plus important des sites préangkoriens.

 
Dispersés dans une forêt dense où les Khmers rouges* il y a tout juste deux-trois ans, rôdaient encore. La visite n’est véritablement sécurisée que depuis peu de temps mais la route qui  mène depuis Kompong Thom  jusqu’à l’embranchement vers le site, devrait maintenant être achevée**.


La visite elle-même se fait à pied au travers d’une forêt assez dense par des chemins au sol sablonneux qui débouchent sur des clairières, sortes d’écrin pour ces temples tours construits en briques.

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Les plus aboutis, de forme octogonale, présentent sur leurs faces des éléments dont l’influence grecque ou romaine saute à nos yeux de Latins. Sortes de réduction d’édifices, dénommés palais volants, ils sont animés de personnages. Les faces de ce petit temple sont en moins bon état de conservation que celles de celui-ci qui en revanche a dû être cerclé pour éviter que la fissure ne finisse en trou béant.

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L’intérieur révèle un savant montage de briques pour former les voutes toutes percées en leur centre assurant une circulation de l’air et de la fumée de l’encens brulé en permanence au pied des divinités. Comme vous pouvez le constater, l’état de conservation est assez remarquable.

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Notre chauffeur, un militaire qui arrondissait ses fins de mois en étant chauffeur de taxi pendant ses permissions, nous invita à nous restaurer dans une gargote à la sortie du site. Bien vu, car après cette bonne visite, nous étions assoiffés et affamés, prêts à nous y requinquer. Voulant gentiment nous servir d’interprète, il nous proposa du poisson ou du poulet de la part de la patronne. Et d’un commun accord, nous avons répondu « deux poulets, deux poissons »… « Bâ, bâ, oui, oui » nous a-t-il répondu et lui de traduire notre commande et nous de nous attabler avec une bonne Angkor beer toute fraîche.

 
Nous nous sommes bien amusés en douce quand nous avons vu qu’un Khmer à moitié en uniforme et à la corpulence d’un homme qui ne s’en laisse pas compter,  s’est fait servir un poulet entier qu’il a avalé sans coup férir… En attendant, notre chauffeur, décidément polyvalent, est allé donner un coup de main à la cuisine. Intrigués par les cris d’un poulet manifestant sa désapprobation, quelle n’a pas été notre stupeur de le voir courir avec la tenancière du bistrot derrière le dit-poulet. Elle d’un coup de machette, lui trancher le coup et de le plonger dans une marmite d’eau bouillante, de le plumer, et de renouveler l’opération pour un autre poulet !


Etant les seuls clients, nous commencions à nous demander si ces volatiles ne nous seraient pas destinés… mais il a fallu qu’ils nous apportent effectivement deux poissons dépassant de chaque côté de leur assiette et deux poulets grillés à souhait pour réaliser qu’il ne faut jamais commander deux poulets et deux poissons parce qu’on est pris au mot ! Tout en gloussant de notre aventure, nous avons plongé nos doigts allègrement dans les plats, ne voulant pas gâcher notre plaisir d’un remord quelconque. N’arrivant pas au bout de cette abondance, notre chauffeur s’en est fait un doggie-bag. Quant à notre voisin de table, il s’est installé dans un hamac, content de nous voir partir pour piquer son roupillon.

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Sur la route, un dernier petit temple à la perruque quelque peu embarrassante a semblé nous saluer…
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*Pendant la guerre du Vietnam, les B52 sont allés jusqu’au cœur du pays pour bombarder cette zone où le Vietcong devait se réfugier, au-delà des provinces les plus à l’Est du Ratanakiri et du Mondolkiri. Les communistes de Pol Pot se sont constitués à partir de cette période et n’ont pas eu de mal à se rallier la population. (Cf le film La déchirure de Roland Joffé sorti en 1984.) Il demeure quelques cratères que les enfants des temples signalent comme étant ceux effectués par les bombes. En revanche, aucune indication de ce qui a été détruit ou endommagé. 
**Partant de Kompong Thom plein nord, la route est construite par les Chinois et mène tout droit à Preah Vihear à la frontière avec la Thaïlande dont l’attribution est encore "fortement contestée".

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