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emmanuelle&jp

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29 juin 2012

Le bétail à six pattes

A se promener au travers du Cambodge à l’heure actuelle, on découvre un peu partout de grandes feuilles de plastique blanc tendues avec une sorte de réceptacle à la base :

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Ceux qui y sont allés reconnaîtront Phnom Krom dans le fond près du Tonlé Sap et la petite maison qui m’avait servi de repère pour la hauteur de l’eau lors des inondations. Pour en voir la photo, cliquez sur ce lien : http://guignot.canalblog.com/archives/2011/11/28/22829853.html

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Il peut y avoir des bâches uniques devant les maisons, certaines bien arrimées, d’autres détachées par le vent selon le soin qu’y apportent les propriétaires.

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Il peut en exister en très grand nombre, montées en chaîne comme à l’usine. Mais toutes sont toujours orientées pour profiter d’un courant d’air ou du vent dans les espaces ouverts comme ici.

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En réalité, depuis que la saison humide est arrivée, hélas dès avril déjà, les insectes se multiplient et les Cambodgiens récoltent. Et que récoltent-ils ? Des criquets. Et qu’en font-ils ? Ils les mangent et les croquent avec délice, entiers ou en enlevant la tête et les deux pattes de devant qui piquent un peu… Je n’ai pas encore eu le courage de les gouter, mais le feriez-vous ?

Plus qu’une délicatesse, les insectes contribuent à l’apport protéinique dans la moitié du monde ! Pourtant au Cambodge, les poissons contribuent encore à un peu plus de 70% de l’apport de protéines de la population. Mais voilà, le poisson fait l’objet d’une telle surpêche qu’elle entraine un appauvrissement des ressources. Or ces insectes, les criquets en l’occurrence, quand ce ne sont pas des araignées (les mygales dans les zones plus sèches sont particulièrement appréciées) regorgent de protéines, de sels minéraux, de bonne graisse et de vitamines.

 Là où un Cambodgien lançait son filet et était sûr de rapporter du poisson, il tend ces grandes feuilles de plastique, y fixe un tube au néon et le relie à une source d’électricité s’il en a les moyens. Le soir venu et les tubes allumés pour les attirer, les criquets viennent se jeter sur les feuilles et tombent dans le réceptacle plein d’eau au sol. Les criquets seront repêchés le lendemain aux aurores,  frits et consommés dans les familles ou vendus bien assaisonnés de poivre et de citronnelle apportant ainsi une source de revenus.

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On peut se régaler mais attention, c’est très cher ! Le kilo vaut 30 000 riels ($7,5) quand une mesure coute un dollar (4000 riels). Cette mesure ressemble étrangement aux mesures dont les pêcheurs se servent pour vendre les petites grises à Granville. En fait, une bonne boite de conserve de lait !

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Mophay, la jeune femme qui travaille avec moi va au marché en chercher des tout fraîchement repêchés, les matins de week-ends pour les préparer et les assaisonner elle-même à son goût.

L’avantage de cette récolte est qu’on n’a pas besoin de beaucoup de terrains pour attraper des plateaux entiers de criquets. Et que lorsqu’on a faim, peu importe ce que l’on a dans son assiette, du moment que l’on a quelque chose. De plus, si on peut acheter du riz avec la prise de la nuit, eh bien c’est encore mieux !

Je n’ai pas trouvé de marchands de tarentules, de scorpions ou de mygales, mais sur le marché de Luang Prabang il y a une semaine, ces femmes vendaient ces morceaux d’essaims de grosses abeilles et en avaient sorties des larves, prêtes à être préparées et consommées...

insectes au Laos

Oui, vous les reconnaissez en bas au centre de la photo... des grenouilles dont les Laotiens, comme les Cambodgiens, raffolent.

40 % des enfants du Laos souffrent de malnutrition, le taux le plus élevé des pays d’Asie du Sud-Est d’après le PAM (Programme alimentaire mondial). Aussi les insectes sont-ils attrapés, récoltés, pourchassés pour leur richesse nutritionnelle mais aussi pour leur goût sucré. Pour ce faire, point n’est besoin d’équipements sophistiqués ni de grande connaissance. Juste un peu d’astuce, de débrouillardise et surtout une sérieuse motivation vissée au corps !

 

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23 juin 2012

164ème sur 183

164ème ! C’est la place occupée par le Cambodge dans le rapport sur l’indice de perception de la corruption effectué par l’ONG Transparency International publié le 6 juin. La corruption telle qu’elle est définie par cette organisation, est "le détournement d’un pouvoir à d’autres fins que celles pour lesquelles il a été conféré". Quand un pays obtient une note aussi basse, 2,1 sur 10, comment la corruption peut-elle être perçue par la population ?

Depuis que nous vivons ici, nous avons été témoins de tellement de cas de corruption avérés ou objets de tentatives de corruption mais tout dernièrement, nous en avons eu un exemple probant de ce que cette perception peut représenter. Un vrai cas pratique !

Un donateur très généreux a offert deux belles motos toutes neuves pour remplacer les vieilles guimbardes usées à force de kilomètres parcourus sur de mauvaises pistes lors des visites de famille, que vous savez être l’étape la plus importante du recrutement de nos élèves. Cf. xxx

Comme il fallait changer l’assurance, le représentant de la compagnie à laquelle nous nous adressons régulièrement dépose un dossier dans lequel le directeur, en bon gestionnaire se penche assidument et découvre que depuis 2007, aucun sinistre ne sera couvert si les conducteurs ne possèdent pas de permis de conduire. Les anciennes motos dataient de bien avant et l’assurance contractée alors était régulièrement renouvelée sans que cette nouvelle disposition ne soit évoquée … Par acquis de conscience, le bon directeur s’enquiert tout de même de savoir si les travailleurs sociaux, principaux utilisateurs des véhicules, possèdent bien un permis… Ah non ! répondirent-ils en cœur …  Comment ça ? Eh bien pour passer le permis de conduire, il faut payer $110 et le renouveler tous les cinq ans, moyennant  finances aussi ! 30$ à chaque fois, exorbitant pour des salaires de la classe moyenne.

Comme tout le personnel roule à moto, le bon directeur derechef effectue une petite enquête au cours de la réunion matinale… Pas un, pas un seul, n’a de permis et encore moins d’assurance ! « Mais ça coûte trop cher et en plus on sait qu’on ne sera jamais remboursé », se sont-ils tous exclamés ! L’un d’entre eux a poursuivi pour tous : « nous ne faisons confiance dans aucune assurance parce qu’on sait bien qu’on ne sera jamais remboursé, il y a toujours une bonne raison pour ne pas l’être ». Et lui de nous expliquer ensuite que si les chauffeurs de taxi ou de bus étaient souvent des militaires, c’est qu’eux en avaient un de permis et que donc leur compagnie pouvait assurer ses véhicules. Une sorte d’arrangement à l’amiable : je te donne une solde de misère mais tu peux arrondir tes fins de mois en devenant chauffeur grâce au permis que je te fais passer gratos.

Le pire dans tout cela, c’est que tout le monde roule sans permis et sans assurance avec tous les risques que l’on sait !

Laos. Nous revenons d’une virée au Laos qui occupe tout de même la 153ème place avec une note de 2,2. Perception de la corruption ? Cas pratique.

Au passage de la police des frontières, JP est pris à part et on lui explique qu’il ne peut rentrer dans le pays puisque son passeport n’est plus valable que 5 mois alors que pour pénétrer dans le pays, 6 mois sont exigés. La loi, c’est la loi, rien à dire.

On le fait entrer dans un bureau où j’arrive à me glisser et dont les rideaux sont immédiatement tirés. Là on nous explique que JP ne pourra rentrer sur le territoire… Nous de regretter calmement que l’agence de voyage qui nous a vendu les billets d’avion, passeports en main, ne nous ait pas prévenus ; que celui qui vend et appose les visas à l’arrivée (dix minutes auparavant) dans les mêmes passeports, ne nous ait pas prévenus non plus. Les policiers des frontières, de plus en plus nombreux dans le petit bureau, se passent le passeport litigieux de main en main et finissent par déclarer que le détenteur du dit passeport veut entrer au Laos il le pourrait s’il payait $200… JP, outré, me déclare en anglais pour qu’ils comprennent, « vas, moi je reste ici jusqu’à mercredi ! » Malaise des policiers qui n’avaient pas prévu cette situation… « No, you cannot do »… Devant l’air décidé, voire buté du rebuté à la frontière, on a assisté à un ballet de policiers, entrant et sortant. Le petit jeu a duré de bien longues minutes. Enfin, voyant qu’ils n’arriveraient à rien, ils ont laché, magnanimes, moyennant $100, nous pouvions entrer dans le pays. C’était une faveur que personne n’obtenait jamais… Et puis le représentant local de la compagnie appelé à la rescousse, est venu nous dire, « you have no choice »… De guerre lasse, et n’ayant pas trop envie de moisir dans ce petit bureau confiné sous le regard du commissaire politique qui ne moufetait pas mais qui n’en pensait pas moins, nous avons fini par obtempérer tout en exigeant tout de même un reçu ! « Oh sorry, the person gone » ! « we can wait ». Là finalement, ce sont eux qui commençaient à trouver le temps un peu long et ils nous ont sorti un magnifique papier signé et tout, mais surtout ils ont apposé le tampon sur le visa nous garantissant « no problem now » !

« Le détournement d’un pouvoir à d’autres fins que celles pour lesquelles il a été conféré » disait la définition ? ...

Laos

 Certains sont "plus égaux que d'autres"... C'est la grande expression par  ici !

31 mai 2012

Marchand de glace – "Nekloue teukok"

Tous les matins, les marchands de glace font leur tournée pour livrer des pains entiers ou des morceaux de glace. C’est qu’en ce moment, au beau milieu de la saison chaude, le travail ne manque pas. Pratiquement toutes les échoppes possèdent une glacière où des boissons sont maintenues au frais, prêtes à la consommation.

001 - marchand de glace

Dans un pays où les réfrigérateurs sont hors de portée des bourses des petits marchands ou de particuliers et où de toute façon les coupures d’électricité  et les factures prohibitives pour cette même électricité rendent tout investissement dissuasif, beaucoup sont équipés de bonnes glacières qui maintiennent davantage au frais qu’un frigo à température normale. Je peux vous dire que les équipements de la cuisine de Sala Baï souffrent en ce moment !

La livraison de glace ! Voilà un métier que je n’avais pas revu depuis mon enfance passée au Maroc. Avant d’avoir accès aux équipements électroménagers d’outre-Atlantique, nous possédions une glacière, une armoire aux parois d’acier brossé, très épaisses pour conserver le plus longtemps possible le froid divulgué par la glace livrée tous les matins.

002 - marchand de glace

Rue Taphoul, la rue de Sala Baï, je double souvent ce marchand de glace en pleine action de coupe et de livraison. Le commerçant a ouvert sa glacière, y a déjà entreposé les boissons et s’apprête à recevoir sa commande. Les livreurs scient les pains de glace dans la longueur mais les morceaux sont souvent trop épais. Alors ils scient jusqu’au tiers et d’un coup sec sur le dos d’une machette glissée dans la fente, ils brisent le morceau de glace. Clac, les morceaux glissent et fusent. Ils sont tellement froids que le marchand utilise les poignets de sa chemise en guise de protection. 

003 - marchand de glace

Cette glace est totalement impropre à la consommation. Mais on peut trouver partout des glaçons d’eau purifiée facilement repérables au trou central. Du reste, mise à part le fin fond de la campagne où il vaut mieux boire tiède, on trouve maintenant partout de la glace. Je bois la bière à la khmère, c'est-à-dire que je remplis à moitié mon verre de bière et je rajoute des glaçons. Cela la garde fraiche plus longtemps et l’allège également. Et par le temps qu’il fait à l'heure actuelle, c’est délicieux ! Som Choulmouille !

 

 

 

 

15 mai 2012

Les pilotis s’en sont allés…

Beaucoup d’entre vous qui nous ont fait l’amitié de nous rendre visite à Siem Reap se rappellent les bords de la rivière et le charme des maisons sur pilotis.

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Certes, au moment des inondations régulières du mois d’octobre, au moment où le Tonlé Sap gonflé par les eaux du Mékong pousse les eaux à l’intérieur des terres, la vie pour les riverains se traduisait généralement par les pieds dans l’eau, sans compter l’insalubrité évidente… Et nous de nous inquiéter qu’un courant plus fort et plus haut ne les arrache à la berge. Mais tout cela était bien arrimé, les pilotis enfoncés profondément dans le lit de la rivière, pour que jamais pareil sinistre somme toute naturel n’arrivât.

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On savait ces installations qui datent de l’arrivée des derniers réfugiés des camps à la frontière en Thaïlande seraient tôt ou tard condamnées. De fait, les habitants ont reçu l’ordre en mars de déguerpir avant le 1er avril, tout matériel resté sur place devant être balayé par les pelleteuses. Je ne le savais pas encore quand, en partant travailler le 26 mars, j’ai pilé net pour prendre quelques clichés de l’effervescence de la démolition commencée dès le lever du jour. C’est qu’il ne leur restait que 5 jours pour tout démonter.

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Plutôt que de poursuivre sur la rive est comme chaque matin pour aller à Sala Baï, j’ai traversé la passerelle pour voir de près les travaux.

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Pas question de laisser quoi que ce soit sur le rivage, tout a été minutieusement démonté et embarqué sur des véhicules de fortune, du plus petit morceau de bois aux briques des fondations sur la rive. Même les pilotis ont été récupérés.

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En amont, de l'autre côté de la passerelle, fini le charme de ces deux petits garçons occupés à jouer en équilibre au-dessus de la rivière...

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Même spectacle de désolation, de démolition, de récupération d’autant que les riverains ainsi déplacés à qui on avait promis un lopin de terre à 15 km de là et quelques planches pour reconstruire leur maison, n’ont en réalité rien reçu du tout. Ils ont bien essayé de revendiquer la promesse, mais rien n’y a fait.

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Cependant, un certain nombre d’entre eux, mécontents de quitter leur clientèle du bord de la route, se sont installés dans une rue transversale à leur quai. Pour ceux qui sont venus à Siem Reap, il s’agit de la piste qui mène au restaurant de Sobey. Il n'y avait aucune habitation... En un rien de temps, boutiques et échoppes faites de tôles de récup’ sont apparues comme par enchantement, avec enseignes et panneaux de signalisation des tarifs pour les passants du quai, leurs anciens clients !

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 Les plus industrieux aplanissent le sol avant d’y construire du dur.

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Au Cambodge, en raison de l’état des voies de circulation, on a toujours besoin de regonfler ses pneus ou de leur coller des rustines.

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Somme toute, la vie d’un nouveau village a commencé, animé par la joie de vivre des enfants, même si les installations sont encore bien précaires.

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Nul ne sait pourquoi les habitations sur pilotis ont été ainsi démolies sur ordre du gouverneur. Les bruits les plus divers circulent. On parle de l’aménagement d’une route à 4 voies ou de l’élargissement du lit de la rivière pour laisser libre cours au Mékong de remonter jusque-là… De similaires déplacements et travaux ont été entrepris en aval.

Il est vrai qu’on a beaucoup parlé des inondations à Bangkok l’année dernière mais nul n’a évoqué celles de Siem Reap où pourtant certains quartiers ont été sous l’eau pendant tout le mois d’octobre. De quoi décourager les touristes dont le nombre va croissant (+36 % pendant les quatre premiers mois de l’année par rapport à l’année dernière). Si cette complaisance diminuait, c’est la manne touristique qui manquerait au rendez-vous dont tout le monde pâtirait.
Des travaux majeurs accompagnés des mêmes déplacements ont été exécutés tout à fait en aval de la rivière où elle s’était répandue sur la route avec une telle force qu’elle l’avait totalement détruite. (cf. Reconstruction des infrastructures après les inondations, papier publié le 11 décembre 2011 sur ce blog). Les cars de la société coréenne qui exploite le port avaient été obligés d’utiliser une piste de traverse mettant à mal le confort des passagers…

La population du Cambodge souffre encore de l’occupation vietnamienne longue de dix ans, jusqu’aux Accords de Paris d’octobre 91, et du retour au pays après l’évacuation des camps de réfugiés. Les Vietnamiens avaient décrété que les premiers arrivés devenaient de fait prioritaires des lieux sauf si les précédents propriétaires pouvaient montrer des documents faisant foi de leurs droits. Tous les cadastres ayant été détruits par les Khmers rouges, inutile de dire que fort peu ont pu en faire état, à part les plus prudents qui avaient réussi à cacher leurs documents. D’autres enfin, préfèrent vivre modestement plutôt que de demander au gouvernement actuel de récupérer leur bien occupé par d'autres, et par là lui faire allégeance.

Des villages entiers sont déplacés au gré de juteuses concessions à de grandes firmes étrangères. La population de Siem Reap n’y échappe pas. Les pelleteuses se sont mises en route et aplanissent un terrain entièrement nettoyé. Malgré la vive inquiétude de tous, les arbres ont été épargnés, pour le moment...

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18 mai : cet article paru dans la rubrique Cambodge du Petit Journal sur ce sujet vous aidera à comprendre la gravité et l'ampleur de ce sujet ici.

http://www.lepetitjournal.com/cambodge/en-bref-cambodge/107573-kratie-une-fille-de-14-ans-tuee-par-balle-dans-une-manifestation.html

 

 

 

13 mai 2012

Flamboyants

C'est promis, je reviens bientôt... Il s'en est passé des choses depuis presque deux mois !

Alors en attendant, voici une carte postale d'un des beaux flamboyants qui bordent la rivière Siem Reap.

Le tuk-tuk  est venu s'y abriter de la chaleur assez étouffante. Elle oscille entre 35 et 40° avec je-ne-veux-pas-savoir-le-pourcentage-d'humidité. C'est avec espoir que l'on voit les nuages gris anthracite s'accumuler en fin de journée, annonçant un orage qui n'éclate pas toujours, mais on en rêve et cela nous porte jusqu'au prochain jour...

IMG_4019

Pour ceux qui ont vécu dans les états du Sud des Etats Unis, les flamboyants provoquent le même effet de surprise que les cornouillers. Les arbres sont insignifiants en temps normal et passent plutôt inaperçus. Ce n'est qu'au moment de leur floraison printannière que l'on réalise leur nombre et leur beauté somme toute saisonnière et éphémère mais bien réelle.  

 

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17 mars 2012

Victor !

Et voilà, Roch et Caroline ont eu un petit garçon hier le 16 mars, et ils l'ont prénommé Victor. Un adorable bébé, aux joues bien remplies - il a eu le temps : prévu le 16 mars, il est né le 16 mars - ressemblant autant à son père qu'à sa mère. De ces deux constations, je note des traits de caractère intéressants : ponctualité, rigueur et grande diplomatie !

Eh oui... faute de ne pas pouvoir le prendre dans nos bras, nous supputons depuis Siem Reap !

Beaucoup d'émotions depuis janvier : de nombreuses visites de bons amis et membres de famille se sont succédées, un aller et retour à Paris pour dire au revoir au père de JP auquel Roch avait dit dans le secret qu'un autre petit-fils allait naitre. Lui qui attachait tant d'importance à ce que sa lignée soit assurée, il a pu partir en paix. 

Beaucoup d'émotions, beaucoup de travail aussi, donc peu de temps pour alimenter ce blog.

Le 8 mars, journée internationale de la femme, Sala Baï a eu la visite de sa marraine, Andrée Rosier, jeune chef d'une trentaine d'années, une étoile au Michelin et surtout première femme à recevoir la distinction de Meilleur ouvrier de France. Ce jour-là, j'étais à Singapour avec l'héroïne du documentaire "Khatna's journey" sur Sala Baï que nous avons présenté six fois en deux jours. A chaque issue de la projection, nous nous sommes pliés aux exigences de nombreuses questions des spectateurs. Khatna s'en est merveilleusement tirée. 

http://touchsalabai.com/2012/03/khatnas-journey/

Ce film a été financé par un de nos donateurs, Américain habitant Singapour, qui a réuni autour de lui un "hub" qui vient en soutien à Sala Baï. La version française sera bientôt sur le site d'Agir pour le Cambodge.

Je suis rentrée de Singapour à temps pour un diner de levée de fonds organisé à l'Heritage Suites Hotel, un hôtel avec lequel nous avons un partenariat privilégié, leur personnel provenant à 50 % de Sala Baï. Vous allez peut-être trouver que je me défausse beaucoup sur des liens, en même temps, cela représente une partie du travail accompli ces derniers temps ...

http://www.facebook.com/SalaBaiSchool

Le reportage a été fait par un photographe professionnel. Celles dans la cuisine sont excellentes. Les miennes sont bien moins bonnes, mais ce sont les photos de la préparation derrière le bar. Les t-shirts oranges sont les élèves actuels venus prêter main forte.

SB à l'Heritage

Et en tenue verte de l'Heritage prêts pour le service.

SB à l'Heritage 2

Nous enchaînons sur le diner des anciens et actuels élèves pour le 1er avril. Les festivités commenceront par une course à pied, histoire de soutenir cet Américain de Singapour assez généreux et un peu fou qui va courir 620km à pied et à bicyclette à travers le Cambodge en 6 jours pour lever des fonds pour Sala Baï du 1er au 6 avril !

Et pour les vacances du nouvel an khmer, du 11 au 21 avril, nous filons à Paris pour voir notre Victor !

 

31 janvier 2012

Sala Baï dans la presse internationale

Sala Baï s'est vue offrir une page de publicité pendant six mois par le magazine Travel & Leisure. Le photographe Scott A. Woodward venu prendre les élèves en novembre, a posté la première page publiée en expliquant les circonstances de son travail et donnant les grandes lignes du programme. In English, sorry again...

Scott est revenu avec une équipe de tournage pour effectuer les prises de vue et de son pour un documentaire sur le programme de Sala Baï. La vidéo est en cours de montage. J'en ai vu le "brouillon", fantastique. Scott à cette occasion, a réalisé un reportage photo sur l'école, et avec ses 450 clichés, nous voilà parés avec des photos pro. Un vrai bonheur.

Faute de temps pour écrire en ce moment en raison de nombreuses visites amicales et professionnelles, je profite de son travail qu'il m'a gentiment proposé de partager avec qui je voulais ! Justice lui soit rendue !

SCOTT A WOODWARD_DSC3854 (Colour)

 

http://scottawoodward.com/blog/advertising/meet-srey-mao/

C'est fou ce que Srey Mao a pu changer en trois mois ! Plus un cheveu ne dépasse, elle a appris à les retenir en un beau chignon, mais elle a toujours ce magnifique sourire/rire qui fait plaisir à croiser dans les couloirs. C'est une élève en service de chambre où elle a de surcroit de bons résultats, ce qui ne gâche rien !

13 janvier 2012

D'un choc de culture à un autre

Plus des trois quarts de la population au Cambodge vit à la campagne dénuée de tout confort. Comment les jeunes gens formés à Sala Baï, tous issus de familles d'une très grande pauvreté, peuvent-ils en un an parvenir à trouver du travail dans les quatre et cinq étoiles de Siem Reap avec autant d'aisance ?

Avec l'aide et la sollicitude des enseignants et des travailleurs sociaux pour parer aux contre-coups, ils absorbent choc après choc, de la rencontre avec les étrangers (nous) à la découverte de robinets, de lits, de clim, de salles de bains, d'établis, de fers et de tables à repasser, etc.  Grâce à cet accompagnement et à leur grande intelligence, ils découvrent la vie. "Je suis né à Sala Baï", m'a dit un ancien élève de Sala Baï devenu chef de rang dans un grand restaurant à Phnom Penh. Celui qui m'a dit une autre fois  "J'ai appris que le futur existait", est maintenant directeur commercial dans un grand hôtel à Siem Reap.

Intriguée moi-même que les élèves arrivent en si peu de temps à absorber tous ces chocs, je me suis lancée dans le parcours de leur vie à Sala Baï.  Allez, on y va !

http://www.phnompenhpost.com/index.php/2012010353753/Special-Reports/from-one-culture-shock-to-another.html

19 décembre 2011

Don Chy, les abeilles des pagodes

Tous les matins quand je traverse Wat Polangka, je vois les Don Chy s’activer. En ce moment, l’automne tropical fait chuter les feuilles de certains arbres, de grandes feuilles cirées, épaisses  et imputrescibles. Avec persévérance et élégance malgré le poids des ans, elles amassent des tas de feuilles à l’aide de leur balai en paille selon un schéma bien élaboré autours des stupas. Une fois le tas suffisamment gros, elles y mettent le feu. La fumée vient se mêler à celle de l’encens des cérémonies du matin flottant encore dans l’air et resté prisonnier de la voûte des arbres qui lui barre son évasion.  Une odeur enivrante, prégnante, emprunte de religiosité qui invite au recueillement le temps du passage au travers de ces lieux saints ces matins-là avant de rejoindre les petites abeilles de Sala Baï.

Siem Reap - Don Chy 001


Siem Reap - Don Chy 002

Siem Reap - Don Chy 003

Les Don Chy. Ainsi sont appelées les religieuses au Cambodge. Un ordre dans lequel toute femme peut entrer, quel que soit son âge. La plupart du temps, ce sont des femmes âgées déchargées de toute responsabilité familiale qui viennent finir leur vie au sein d’une pagode et y vivre plus pleinement selon les préceptes du Bouddha.

Pour tout laïc fervent, les règles du Dhama ou Thoma (je n’invente rien..) sont au nombre de cinq et ressemblent à certains des dix commandements de la Table des lois. Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin, tu ne boiras pas d’alcool. Ce dernier précepte est important parce que sous l’emprise de l’alcool, « on risque de commettre l’un ou la totalité des quatre premiers », m’a assuré un Cambodgien qui, lui-même a été bonze pendant 10 ans.  Pour les religieuses, le 4ème précepte est enlevé tandis que deux autres ont été ajoutés : tu n’écouteras pas de musique et tu ne gouteras pas le confort.

En échange de leur hébergement au sein de la pagode et des nuits passées sur une natte posée à même le sol, elles rendent les services que toute congrégation d’hommes attend des femmes : la cuisine et le ménage. Elles préparent ainsi les deux repas que les moines prennent par jour : le petit déjeuner – une bor-bor, soupe de riz agrémentée de légumes et de viande ou de poisson  – et le déjeuner. Elles-mêmes sont tenues à ce régime.

Cependant, des femmes non encore déchargées de leur responsabilité familiale – enfants ou parents – peuvent, tout en se consacrant à la vie religieuse et donc aux préceptes, demeurer auprès des leurs.
Il n’y a pas de cérémonie d’entrée dans les ordres mais selon les moyens, une cérémonie peut être célébrée par la communauté des moines de la pagode dont on dépend, au domicile de l’impétrante. Nous avons ainsi assisté à une telle cérémonie.  Le crâne rasé et portant une chemise blanche et le châle traditionnel, cette mère d’une de nos amies s’est engagée en se prosternant devant une bonne dizaine de moines venus présider à la cérémonie.

Cérémonie - Don ChySon mari qu’elle avait du épouser sous les Khmers rouges, est mort depuis dix ans, la libérant de sa brutalité et de son ivrognerie. Mais ça, elle ne veut pas en parler. Elle a fait le choix de rester chez elle à s’occuper de ses enfants, largement adultes mais non encore mariés, tout en se comportant selon les préceptes de Bouddha.


11 décembre 2011

Reconstruction des infrastructures après les inondations

Voilà, le montant des dégâts occasionnés par les inondations sur les infrastructures se monterait à 521 millions de dollars. Comme j’avais tenté de vous le montrer  (cf Le long sursaut de la mousson du mois dernier), les routes le long du Tonlé Sap ont particulièrement été abimées par les inondations, noyées  sous une grande quantité d’eau pendant plus d’un mois et labourées par les courants. Un petit exemple du volet économique évoqué précédemment : la route menant au port de Chong Khneas depuis Siem Reap a particulièrement souffert.

Le port a pris le nom du village de Chong Khneas, un charmant village flottant qui depuis la construction a dû déménager plus en aval sur le lac avec son hôpital, son école, son temple et son église (une majorité de Vietnamiens y vivent). J’avais visité l’hôpital construit par Caritas Cambodge lors d’un reportage en 2004.


Le port de Chong Khneas accueille les bateaux en provenance de Phnom Penh et surtout, depuis que les Coréens l’ont construit, est devenu le point de départ de balades sur le Tonlé Sap vers les villages flottants. Une entreprise juteuse qui, au regard du nombre de bus la parcourant, ne pouvait souffrir une route autant défoncée plus longtemps.

avant

Un mois après, de grands travaux sont donc lancés pour la réhabiliter. A notre grande joie, le choix de la latérite plutôt que l’asphalte a été pris et ils n’ont pas lésiné sur le nombre d’engins pour effectuer les travaux le plus rapidement possible.

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Aparté à la Cassandre : Rouler sur une piste en latérite qui déroule son long ruban ocre rouge bordé de verdure, est un vrai bonheur pour les yeux. C’est ce que nous avions éprouvé l’année dernière en empruntant la piste flambant neuve menant de Sambor Prey Kuk à la grand-route vers Kompong Thom. Nous l’avons prise de nouveau cette année et avons constaté que cette belle piste avait elle aussi souffert des pluies diluviennes et des ruisseaux qui  l’avaient ravinée. Tout le soubassement est à refaire…


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Bonne nouvelle : Vous rappelez-vous le toit de cette petite maison sur pilotis, surnageant à la surface de l’eau il y a un mois ? Eh bien la voilà enfin dégagée, sans trop de dégâts apparents, même si un chemin de planche est encore nécessaire pour arriver jusqu’à son escalier, au milieu des lotus !

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