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emmanuelle&jp
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19 décembre 2011

Don Chy, les abeilles des pagodes

Tous les matins quand je traverse Wat Polangka, je vois les Don Chy s’activer. En ce moment, l’automne tropical fait chuter les feuilles de certains arbres, de grandes feuilles cirées, épaisses  et imputrescibles. Avec persévérance et élégance malgré le poids des ans, elles amassent des tas de feuilles à l’aide de leur balai en paille selon un schéma bien élaboré autours des stupas. Une fois le tas suffisamment gros, elles y mettent le feu. La fumée vient se mêler à celle de l’encens des cérémonies du matin flottant encore dans l’air et resté prisonnier de la voûte des arbres qui lui barre son évasion.  Une odeur enivrante, prégnante, emprunte de religiosité qui invite au recueillement le temps du passage au travers de ces lieux saints ces matins-là avant de rejoindre les petites abeilles de Sala Baï.

Siem Reap - Don Chy 001


Siem Reap - Don Chy 002

Siem Reap - Don Chy 003

Les Don Chy. Ainsi sont appelées les religieuses au Cambodge. Un ordre dans lequel toute femme peut entrer, quel que soit son âge. La plupart du temps, ce sont des femmes âgées déchargées de toute responsabilité familiale qui viennent finir leur vie au sein d’une pagode et y vivre plus pleinement selon les préceptes du Bouddha.

Pour tout laïc fervent, les règles du Dhama ou Thoma (je n’invente rien..) sont au nombre de cinq et ressemblent à certains des dix commandements de la Table des lois. Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin, tu ne boiras pas d’alcool. Ce dernier précepte est important parce que sous l’emprise de l’alcool, « on risque de commettre l’un ou la totalité des quatre premiers », m’a assuré un Cambodgien qui, lui-même a été bonze pendant 10 ans.  Pour les religieuses, le 4ème précepte est enlevé tandis que deux autres ont été ajoutés : tu n’écouteras pas de musique et tu ne gouteras pas le confort.

En échange de leur hébergement au sein de la pagode et des nuits passées sur une natte posée à même le sol, elles rendent les services que toute congrégation d’hommes attend des femmes : la cuisine et le ménage. Elles préparent ainsi les deux repas que les moines prennent par jour : le petit déjeuner – une bor-bor, soupe de riz agrémentée de légumes et de viande ou de poisson  – et le déjeuner. Elles-mêmes sont tenues à ce régime.

Cependant, des femmes non encore déchargées de leur responsabilité familiale – enfants ou parents – peuvent, tout en se consacrant à la vie religieuse et donc aux préceptes, demeurer auprès des leurs.
Il n’y a pas de cérémonie d’entrée dans les ordres mais selon les moyens, une cérémonie peut être célébrée par la communauté des moines de la pagode dont on dépend, au domicile de l’impétrante. Nous avons ainsi assisté à une telle cérémonie.  Le crâne rasé et portant une chemise blanche et le châle traditionnel, cette mère d’une de nos amies s’est engagée en se prosternant devant une bonne dizaine de moines venus présider à la cérémonie.

Cérémonie - Don ChySon mari qu’elle avait du épouser sous les Khmers rouges, est mort depuis dix ans, la libérant de sa brutalité et de son ivrognerie. Mais ça, elle ne veut pas en parler. Elle a fait le choix de rester chez elle à s’occuper de ses enfants, largement adultes mais non encore mariés, tout en se comportant selon les préceptes de Bouddha.


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Commentaires
Z
Merci pour ce reportage très instructif. Malgré tout, je suis bien contente qu'une telle coutume -le crane rasé- n'existe en Occident. Pour avoir vu des femmes sans cheveux dans les rues de Siem Reap, je trouve que c'est une image assez dure de la femme d'âge plus mure, et non mûre car certaines, n'ont même pas de rides...!
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