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emmanuelle&jp
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23 juin 2012

164ème sur 183

164ème ! C’est la place occupée par le Cambodge dans le rapport sur l’indice de perception de la corruption effectué par l’ONG Transparency International publié le 6 juin. La corruption telle qu’elle est définie par cette organisation, est "le détournement d’un pouvoir à d’autres fins que celles pour lesquelles il a été conféré". Quand un pays obtient une note aussi basse, 2,1 sur 10, comment la corruption peut-elle être perçue par la population ?

Depuis que nous vivons ici, nous avons été témoins de tellement de cas de corruption avérés ou objets de tentatives de corruption mais tout dernièrement, nous en avons eu un exemple probant de ce que cette perception peut représenter. Un vrai cas pratique !

Un donateur très généreux a offert deux belles motos toutes neuves pour remplacer les vieilles guimbardes usées à force de kilomètres parcourus sur de mauvaises pistes lors des visites de famille, que vous savez être l’étape la plus importante du recrutement de nos élèves. Cf. xxx

Comme il fallait changer l’assurance, le représentant de la compagnie à laquelle nous nous adressons régulièrement dépose un dossier dans lequel le directeur, en bon gestionnaire se penche assidument et découvre que depuis 2007, aucun sinistre ne sera couvert si les conducteurs ne possèdent pas de permis de conduire. Les anciennes motos dataient de bien avant et l’assurance contractée alors était régulièrement renouvelée sans que cette nouvelle disposition ne soit évoquée … Par acquis de conscience, le bon directeur s’enquiert tout de même de savoir si les travailleurs sociaux, principaux utilisateurs des véhicules, possèdent bien un permis… Ah non ! répondirent-ils en cœur …  Comment ça ? Eh bien pour passer le permis de conduire, il faut payer $110 et le renouveler tous les cinq ans, moyennant  finances aussi ! 30$ à chaque fois, exorbitant pour des salaires de la classe moyenne.

Comme tout le personnel roule à moto, le bon directeur derechef effectue une petite enquête au cours de la réunion matinale… Pas un, pas un seul, n’a de permis et encore moins d’assurance ! « Mais ça coûte trop cher et en plus on sait qu’on ne sera jamais remboursé », se sont-ils tous exclamés ! L’un d’entre eux a poursuivi pour tous : « nous ne faisons confiance dans aucune assurance parce qu’on sait bien qu’on ne sera jamais remboursé, il y a toujours une bonne raison pour ne pas l’être ». Et lui de nous expliquer ensuite que si les chauffeurs de taxi ou de bus étaient souvent des militaires, c’est qu’eux en avaient un de permis et que donc leur compagnie pouvait assurer ses véhicules. Une sorte d’arrangement à l’amiable : je te donne une solde de misère mais tu peux arrondir tes fins de mois en devenant chauffeur grâce au permis que je te fais passer gratos.

Le pire dans tout cela, c’est que tout le monde roule sans permis et sans assurance avec tous les risques que l’on sait !

Laos. Nous revenons d’une virée au Laos qui occupe tout de même la 153ème place avec une note de 2,2. Perception de la corruption ? Cas pratique.

Au passage de la police des frontières, JP est pris à part et on lui explique qu’il ne peut rentrer dans le pays puisque son passeport n’est plus valable que 5 mois alors que pour pénétrer dans le pays, 6 mois sont exigés. La loi, c’est la loi, rien à dire.

On le fait entrer dans un bureau où j’arrive à me glisser et dont les rideaux sont immédiatement tirés. Là on nous explique que JP ne pourra rentrer sur le territoire… Nous de regretter calmement que l’agence de voyage qui nous a vendu les billets d’avion, passeports en main, ne nous ait pas prévenus ; que celui qui vend et appose les visas à l’arrivée (dix minutes auparavant) dans les mêmes passeports, ne nous ait pas prévenus non plus. Les policiers des frontières, de plus en plus nombreux dans le petit bureau, se passent le passeport litigieux de main en main et finissent par déclarer que le détenteur du dit passeport veut entrer au Laos il le pourrait s’il payait $200… JP, outré, me déclare en anglais pour qu’ils comprennent, « vas, moi je reste ici jusqu’à mercredi ! » Malaise des policiers qui n’avaient pas prévu cette situation… « No, you cannot do »… Devant l’air décidé, voire buté du rebuté à la frontière, on a assisté à un ballet de policiers, entrant et sortant. Le petit jeu a duré de bien longues minutes. Enfin, voyant qu’ils n’arriveraient à rien, ils ont laché, magnanimes, moyennant $100, nous pouvions entrer dans le pays. C’était une faveur que personne n’obtenait jamais… Et puis le représentant local de la compagnie appelé à la rescousse, est venu nous dire, « you have no choice »… De guerre lasse, et n’ayant pas trop envie de moisir dans ce petit bureau confiné sous le regard du commissaire politique qui ne moufetait pas mais qui n’en pensait pas moins, nous avons fini par obtempérer tout en exigeant tout de même un reçu ! « Oh sorry, the person gone » ! « we can wait ». Là finalement, ce sont eux qui commençaient à trouver le temps un peu long et ils nous ont sorti un magnifique papier signé et tout, mais surtout ils ont apposé le tampon sur le visa nous garantissant « no problem now » !

« Le détournement d’un pouvoir à d’autres fins que celles pour lesquelles il a été conféré » disait la définition ? ...

Laos

 Certains sont "plus égaux que d'autres"... C'est la grande expression par  ici !

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