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emmanuelle&jp
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29 juin 2012

Le bétail à six pattes

A se promener au travers du Cambodge à l’heure actuelle, on découvre un peu partout de grandes feuilles de plastique blanc tendues avec une sorte de réceptacle à la base :

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Ceux qui y sont allés reconnaîtront Phnom Krom dans le fond près du Tonlé Sap et la petite maison qui m’avait servi de repère pour la hauteur de l’eau lors des inondations. Pour en voir la photo, cliquez sur ce lien : http://guignot.canalblog.com/archives/2011/11/28/22829853.html

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Il peut y avoir des bâches uniques devant les maisons, certaines bien arrimées, d’autres détachées par le vent selon le soin qu’y apportent les propriétaires.

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Il peut en exister en très grand nombre, montées en chaîne comme à l’usine. Mais toutes sont toujours orientées pour profiter d’un courant d’air ou du vent dans les espaces ouverts comme ici.

4

En réalité, depuis que la saison humide est arrivée, hélas dès avril déjà, les insectes se multiplient et les Cambodgiens récoltent. Et que récoltent-ils ? Des criquets. Et qu’en font-ils ? Ils les mangent et les croquent avec délice, entiers ou en enlevant la tête et les deux pattes de devant qui piquent un peu… Je n’ai pas encore eu le courage de les gouter, mais le feriez-vous ?

Plus qu’une délicatesse, les insectes contribuent à l’apport protéinique dans la moitié du monde ! Pourtant au Cambodge, les poissons contribuent encore à un peu plus de 70% de l’apport de protéines de la population. Mais voilà, le poisson fait l’objet d’une telle surpêche qu’elle entraine un appauvrissement des ressources. Or ces insectes, les criquets en l’occurrence, quand ce ne sont pas des araignées (les mygales dans les zones plus sèches sont particulièrement appréciées) regorgent de protéines, de sels minéraux, de bonne graisse et de vitamines.

 Là où un Cambodgien lançait son filet et était sûr de rapporter du poisson, il tend ces grandes feuilles de plastique, y fixe un tube au néon et le relie à une source d’électricité s’il en a les moyens. Le soir venu et les tubes allumés pour les attirer, les criquets viennent se jeter sur les feuilles et tombent dans le réceptacle plein d’eau au sol. Les criquets seront repêchés le lendemain aux aurores,  frits et consommés dans les familles ou vendus bien assaisonnés de poivre et de citronnelle apportant ainsi une source de revenus.

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On peut se régaler mais attention, c’est très cher ! Le kilo vaut 30 000 riels ($7,5) quand une mesure coute un dollar (4000 riels). Cette mesure ressemble étrangement aux mesures dont les pêcheurs se servent pour vendre les petites grises à Granville. En fait, une bonne boite de conserve de lait !

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Mophay, la jeune femme qui travaille avec moi va au marché en chercher des tout fraîchement repêchés, les matins de week-ends pour les préparer et les assaisonner elle-même à son goût.

L’avantage de cette récolte est qu’on n’a pas besoin de beaucoup de terrains pour attraper des plateaux entiers de criquets. Et que lorsqu’on a faim, peu importe ce que l’on a dans son assiette, du moment que l’on a quelque chose. De plus, si on peut acheter du riz avec la prise de la nuit, eh bien c’est encore mieux !

Je n’ai pas trouvé de marchands de tarentules, de scorpions ou de mygales, mais sur le marché de Luang Prabang il y a une semaine, ces femmes vendaient ces morceaux d’essaims de grosses abeilles et en avaient sorties des larves, prêtes à être préparées et consommées...

insectes au Laos

Oui, vous les reconnaissez en bas au centre de la photo... des grenouilles dont les Laotiens, comme les Cambodgiens, raffolent.

40 % des enfants du Laos souffrent de malnutrition, le taux le plus élevé des pays d’Asie du Sud-Est d’après le PAM (Programme alimentaire mondial). Aussi les insectes sont-ils attrapés, récoltés, pourchassés pour leur richesse nutritionnelle mais aussi pour leur goût sucré. Pour ce faire, point n’est besoin d’équipements sophistiqués ni de grande connaissance. Juste un peu d’astuce, de débrouillardise et surtout une sérieuse motivation vissée au corps !

 

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