La rentrée a eu lieu le 6 septembre. Ils sont arrivés, tout intimidés. Leurs regards reflétaient tour à tour anxiété, inquiétude, mais tout au long de la première semaine où ils ont été informés de leurs emplois du temps, des premiers cours d’éthique, d’hygiène, de discipline, les sourires sont apparus. L’inconnu s’estompait, le soulagement prenait place, ils en savaient un peu plus sur le déroulement de leurs études, nous apprivoisaient et se détendaient. Photos d’identité pour les badges, vérification de leurs noms en lettres latines, prise de mesures pour les uniformes techniques et les T-shirts de l’école, etc. Mais la sortie de vendredi 10 septembre à Angkor Wat a fini de les dérider.

Distribution des pique-nique et tout le monde, les cent élèves, les professeurs, les travailleurs sociaux et tout le personnel, a enfourché qui sa bicyclette, qui sa moto. En 30 minutes, nous étions à Angkor, derrière le temple, hors de la foule des touristes. Le temps d’avaler le riz au porc dans nos petites boites, des grappes de t-shirts orange se sont mises en route pour escalader les escaliers du temple à la recherche de ce que le prof chargé de la visite leur avait raconté. Pour la majeure partie des élèves, c’était une première venue dans ce lieu magique, apogée de l’art angkorien, leur fierté nationale demeuré depuis toujours un lieu de culte.

Mais le véritable travail de renforcement d’équipe s’est opéré dans les jeux. A part colin maillard, les yeux bandés par un krama bien sûr, et le foot, je ne connaissais pas les autres, pratiqués avec force cris, hurlements, éclats de rire, encouragements. La grâce des filles dans leurs courses et la force dégagée par les garçons, généralement trapus et costauds, différaient quelque peu des cours de récréation que j’ai connues !

Oom Paul était resté à Sala Baï pour un rendez-vous de dernière minute avec une ONG partenaire venue de Phnom Penh. Et comme je n’ai pas encore de moto, je suis partie sur le porte-bagage d’un des staffs. Du reste, tous les trajets liés à mon travail, je les effectue sur le porte-bagage d’une moto, en amazone à la Khmère, sinon nous prenons un tuk-tuk. Nous formions la moto balai, et je n’ai pas été déçue… Un gentil "glandu en tong" a tenté de fausser compagnie au groupe mais ses manœuvres de jeune apprenti n’ont pas trompé mon vieil instinct de prof. Il a eu beau essayer de simuler la crevaison, le caillou dans la chaine, les freins qui ne marchent plus, rien n’y a fait. Nous avons pu signaler son comportement au "middle check point" et il a suffi de deux trois mots en khmer sur un ton qui ne supportait pas de réplique, pour qu’il rentre dans le groupe. Il a bien tenté une autre manœuvre sur le chemin du retour, mais c’était sans compter sur notre détermination gentille, souriante mais ferme. Il n’a plus insisté.

Une marée orange envahit Angkor Wat

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